Soyons vigilants, par Neïké

Jusqu’à présent, l’homophobie semblait être relativement taboue en France.
Suite aux mouvements de protestation massifs autour de l’adoption de la loi du « mariage pour tous », ces voix, naguères réduites au silence, ont commencé à se faire entendre. Pire, tout se passe comme si les homophobes étaient décomplexés et se
sentaient plus « libres » d’exprimer leur peur, de manière plus ou moins agressive et/ou violente.
Si un lien de cause à effet ne peut pas nécessairement être réalisé, un parallèle assez étonnant apparaît avec l’affaire du meurtre du militant d’extrême gauche Clément Méric par des skinheads, probablement proches d’un groupuscule d’extrême droite appelé « Troisième voie ».
Tension politique sur fond de crise économique, frustrations liées à un sentiment d’impuissance face au chômage et à des dirigeants qui semblent au service de la finance internationale, autant d’ingrédients nécessaires, mais pas obligatoirement suffisants, pour aboutir vers une « droitisation » extrême, notamment par la sublimation des valeurs d’ « ordre », de « morale » et de « famille ».
La crise des années 1930 a en grande partie engendré les catastrophes politiques que furent le fascisme et la guerre. Certes, il ne semble pas que nous en soyons là aujourd’hui. Mais comme l’a très bien illustré le film « la vague » (de Dennis Gansel, 2008), aucun état , même ayant connu les horreurs du fascisme et de la xénophobie, n’est à l’abri d’un nouvel épisode sombre de son histoire.
Aussi, restons vigilants.

4 commentaires:

  1. Merci Neïké pour cette introduction dressant bien les contours du contexte sociopolitique actuel.

    "Restons vigilants", tel est le message global. Mais tu décris un climat qui est déjà entré dans une phase néfaste avec les tournures qu'ont pris les discussions autour du mariage pour tous. On doit d'ailleurs se questionner sur le caractère récent de ces évolutions : l'homophobie tout comme le racisme est relaté depuis plusieurs décennies par ceux qui les subissent, par les groupements qui tentent de les combattre. La montée de l'extrême droite aux élections présidentielles remontant au moins jusqu'à 2002 doit-elle ajouter à l'argumentaire?

    Alors je pencherais plutôt pour "soyons vigilants" car tout cela pourrait signifier que nous avons déjà cessé de l'être. Et la mauvaise atmosphère actuelle rendant impossible le dialogue, laisse-t-elle la possibilité de n'être que vigilant pour parvenir à renverser la tendance, rien ne semble moins sûr que cela. Je me risque alors à un "soyons indignés !". La vigilance appelle à la veille, à l'attention, permettant de repérer des émergences de problèmes. Pour le sujet qui nous concerne, les difficultés sont déjà là, il n'y a plus à s'en rendre compte. C'est de l'action ou du moins de la réaction qui parait nécessaire.

    Alors qu'est-il possible de faire pour réagir, individuellement ou collectivement ? Je laisse la question en suspend pour peut-être poursuivre le débat.

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  2. Tu as raison, normalement l'heure n'est plus à la vigilance, mais à l'indignation. Normalement. Mais l'indignation ne peut pas, à mon avis, naître sans une vigilance préalable qui permettrait de repérer les problèmes. Or, si comme tu l'as très justement dis, les-dits problèmes sont là depuis longtemps, l'indignation n'est pas au rendez-vous. Cela est-il dû à une vigilance trop faible? Ou bien aurions-nous perdu notre capacité à nous indigner?
    Et vous, aviez-vous remarquer les dangereux glissements dont j'ai parlé? En êtes-vous choqués? Indignés? Indifférents?

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  3. Etre indignée me paraît une mauvaise solution dans le contexte actuel. Pourquoi ? Si tu t'indignes ou te choques, moins de monde t'écouteront ou débâteront. Car aujourd'hui on n'aime pas l'extrémisme et les débats violents laissent les gens sur leur position.(ce n'est bien sûr que mon avis)
    Je serais plus sur la vigilance, cherchez s'il y a un vrai problème (que je ne trouve pas pour le moment par manque d'information peut-être) et essayer de le faire découvrir par tout mon entourage.
    Autour de moi, le débat a fait rage. Empoisonnant (à mon goût) les repas du soir. Il y avait le groupe des neutres (dont je fais partie, c'est à dire que je ne me sens pas concernée et donc ils peuvent faire leur vie comme bon leur semble) et le groupe des répugnés. Ce dernier groupe était soit contre cette "exhibition" des relations homosexuelles qu'ils préfèrent ne pas voir, soit tolérant mais dégoutés en les voyant s'embrasser(sinon pas de soucis) soit ayant du mal à penser qu'un couple homosexuel puisse donner une éducation/environnement adéquate à un enfant.

    Est-ce un problème ? Je ne sais pas. Je suis sensiblement choquée qu'on en parle si souvent (les médias n'aident pas)et que ce qui sont contre et dégoûtés puissent être aussi vindicatif(ce n'est pas la majorité).
    Pour moi, s'il y a un problème, c'est le fait d'autant en parler. Etre happée dans ce débat sans fin où tout semble une histoire de goût. Pour oublier d'autres débats, d'autres sujets (réforme sur les CDIs avec l'accord wagram par exemple)qui nous impacterait beaucoup plus.
    Peut-être que je me trompe et que ce débat est important. Personnellement, il ne m'intéresse pas particulièrement. Je fais juste attention que ce débat reste quelque chose de pacifique et non pas porteur d'actions violentes (ce qui n'est pas le cas par chez moi.)

    Pardon pour les fautes,
    Tchiz

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  4. Ce sont les réactions à ces changements sociaux qui revêtent selon moi un caractère important, davantage que les changements sociaux eux-mêmes, et c'est là qu'il me parait décisif de ne pas rester sur la touche.

    "L'indignation" est peut être effectivement un terme trop galvaudé aujourd'hui. Cependant, sans forcément partager la connotation agressive qu'il recouvre parfois, c'est sa capacité à mettre en mouvement qui me séduit, à faire réagir plus qu'à choquer.

    Dans la même lignée, j'aimerais pour cette rentrée qu'on s'interroge sur la question de la laïcité, qui fait également énormément débat ces temps-ci, provoquant des réactions vives de part et d'autre.

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